Comité de soutien aux Onze d'Avelin
 
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mar 25 janvier 2005 - José Bové et un militant de Greenpeace interceptent en mer un cargo d'OGM
Ecologistes et paysans dénoncent l'alimentation transgénique des animaux. Plus de 50 % du soja importé en Europe serait modifié.



Vers 9 h 15 mardi 25 janvier, José Bové, porte-parole des Faucheurs volontaires, et Arnaud Apoteker, de Greenpeace, ont tenté d'aborder le cargo Golden-Lion, chargé d'une cargaison de près de 32 000 tonnes de soja transgénique.

Les deux activistes, accompagnés de plusieurs équipiers, ont approché le cargo au lever du jour, à quelque 350 km au large du nord du Portugal, depuis deux canots pneumatiques partis d'un navire de Greenpeace, l'Esperanza. Ils ont accroché un grappin au bastingage, mais l'océan, qui présentait des creux de 5 mètres, a empêché qu'ils se hissent à bord, comme ils en avaient l'intention.

"Nous l'avons intercepté et nous allons l'accompagner jusqu'à Lorient, en tournant autour de lui avec des canots", a indiqué au Monde José Bové, revenu sur l'Esperanza. Le cargo, qui est parti d'Argentine vers le 10 janvier, devrait arriver vendredi matin à Lorient.

Préparée dès le départ du Golden-Lion, l'opération est une première : les écologistes n'avaient encore jamais abordé un bateau en pleine mer dans le cadre de leur lutte contre les OGM.

Les activistes, qui sont soutenus dans leur action par la Confédération paysanne, veulent dénoncer l'importation de soja transgénique destiné à l'alimentation animale. Si l'alimentation humaine en Europe est quasiment indemne d'OGM (organismes génétiquement modifiés), il n'en va pas de même pour l'alimentation des bovins, poulets et porcs, qui sont en bonne partie nourris avec du tourteau de soja.

NOUVELLES ACTIONS À VENIR

Les trois principaux producteurs mondiaux de soja sont les Etats-Unis, l'Argentine et le Brésil. Dans les deux premiers pays, le soja est presque totalement transgénique, tandis qu'au Brésil, après le feu vert donné, fin 2003, par le président Lula, près de 10 % du soja sont OGM.

Si la réglementation européenne impose l'étiquetage des aliments transgéniques, cela ne concerne pas les nutriments destinés aux animaux : seule leur traçabilité est imposée aux producteurs et aux transformateurs.

"Des millions de tonnes de soja OGM sont introduits dans la chaîne alimentaire, via l'alimentation animale, à l'insu des consommateurs et au mépris de leur droit au choix", indique Arnaud Apoteker dans un communiqué. Celui-ci dénonce aussi "la dépendance en protéines de l'Europe" et réclame une nouvelle politique agricole commune : "Il est paradoxal, expliquait José Bové la veille de l'action, que l'on importe massivement des protéines végétales alors même que l'on gèle des terres en Europe. On pourrait y cultiver du soja ou d'autres plantes adéquates à l'alimentation animale."

La France importe chaque année environ 4,5 millions de tonnes de soja, essentiellement d'Argentine et du Brésil. Des filières de soja non OGM ont été mises en place par diverses coopératives, dont Terrena, et par Carrefour, qui contrôle près de 25 % de la distribution alimentaire en France. L'action des écologistes et des paysans devrait renforcer leur démarche.

Les trois organisations accompagnent le Golden-Lion jusqu'à Lorient. D'autres manifestations et opérations seront alors entreprises, notamment contre les transformateurs de lait, qui ne s'assurent pas de la provenance non transgénique des aliments des vaches laitières.

Hervé Kempf • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 26.01.05